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Croix et calvaires

La croix latine est cette forme caractéristique, inspirée par la lettre grecque tau, et adoptée très tôt pour représenter la religion chrétienne. La légende attribue la « première » croix à Sainte Hélène, mère de Constantin Ier : elle aurait découvert la Croix sur le Mont Golgotha (en arraméen crâne chauve, en Latin  calva-calvarium, en Français calvaire) en 326. C’est ainsi qu’est nommé le tertre sans végétation où le Christ a été crucifié.

A partir donc de cette époque, la croix s'impose comme symbole du Christianisme. Déclarée « le plus saint des emblèmes » par Saint Jean Chrysostome, alors qu’elle était encore considérée comme un instrument du supplice infamant, ce symbole se développe à travers la Chrétienté, nue, sans Christ (croix triomphale), la crucifixion étant tabou.

A l’origine en bois (peu onéreux mais peu pérenne), elle était fidèlement remplacée, d’une génération à l’autre. Puis on la sculpte dans la pierre locale  et, plus récemment, on fait appel à la ferronnerie, à la fonte ou au béton.

Le Christ n’y « montera » qu’au IXème siècle, devenant le symbole de « l'arbre de vie ayant donné le fruit le plus fécond ». Dès lors, on fera usage de termes distincts :

-         croix pour l’édifice isolé,

-         crucifix quand on lui ajoute une statue du Christ, représenté selon une des trois postures : triomphant (vivant), souffrant ou résigné (mort),

-         calvaire pour un ensemble composé de plusieurs croix, en référence aux deux autres crucifiés du Golgotha, ou croix ornée d’autres édifices,

-         oratoire, quand on protège la croix d’un toit pour permettre à quelques personnes de se réunir à l’abri pour une prière,

-         croix hosannière quand elle est rehaussée de plusieurs mètres par un édifice imposant.

 

L'usage d'ériger des croix est très ancien. Alors encore païens, les Romains érigeaient aux bords des chemins des colonnes et autres monuments votifs en l'honneur de leurs dieux. Ces lieux de culte quadrillaient le territoire et étaient un rappel pour les populations. Ils étaient aussi une façon d’attirer les bonnes grâces des dieux et divinités ou de conjurer le mauvais sort.

C'est ainsi que nos ancêtres devenus chrétiens commencèrent à ériger, comme monuments votifs, des croix en l'honneur du vrai Dieu Jésus Christ, Sauveur du Monde. Ainsi, les croix et calvaires prirent la place de ces ex-voto païens.

 

Structure

Schématiquement, c’est un fût ou une hampe, inséré dans un socle ou un dé et coiffé d’un croisillon ou d’un nœud de croix.

Schéma de croix 1 Schéma de croix 2

Planté à même le sol, le fût se désagrègerait rapidement. Simplement déposés à même le sol, le socle ou le dé servent à la pérennité de l’édifice. Par leur masse, ils abaissent le centre de gravité, empêchant le renversement de l’édifice. En pierre, ils résistent à l’épreuve du temps.

La croix doit être orientée face à l’ouest, car le Christ aurait été crucifié face à l’occident, les bras écartés vers le nord et le sud ; mais ce standard ne peut pas toujours être respecté à l’extérieur, contrairement aux croix des églises et des chapelles.

 

Utilité

On distingue plusieurs catégories de croix:

-         croix des chemins : guide pour les pèlerins, étapes des convois funéraires, à une époque où tout le monde ne pouvait pas se payer les services d’un corbillard, les porteurs pouvant ainsi faire une pause pendant que le cortège faisait une petite prière (on trouvera alors une margelle pour poser le cercueil)…

-         croix de place : pour moraliser les transactions sur les marchés

-         croix des morts : souvenir d'un être cher pour lequel on prie

-         croix commémorative : souvenir d’un évènement tragique, d’un martyr, d’une exécution sommaire du temps des guerres, peut-être, en des temps plus reculés (Moyen Âge) pour un religieux mendiant trouvé mort à la croisée de chemins, ou pour d’autres guerres ou combats…,

-         croix d’indulgence : les prières demandées, Ave ou Pater, sont généralement indiquées à leur pied,

-         croix de justice : anciennes fourches patibulaires ou gibets

-         croix de mission ou de jubilé, érigée par un ecclésiastique

-         croix de dévotion, financée par des familles, riches ou pauvres, dévotes, voulant montrer leur foi…,

-         croix votives, en reconnaissance pour un vœu accompli, ou lieu de pèlerinage ou de prière avant la moisson ou la reproduction de bétail, pour remercier Dieu d’avoir été épargné durant une guerre ou une épidémie,

-         croix miraculeuses, croix de peste (imitant un arbre), où les malades venaient gratter leurs plaies, pensant guérir plus vite en priant, mais ne faisant qu’aggraver leur cas en se sur-contaminant sur les lambeaux des autres…,

 

Les plus grands ennemis de nos croix sont le temps, les intempéries … et l’oubli. Dressées au carrefour des chemins, ou plantées au milieu d’un buisson, toutes ont une histoire souvent méconnue aujourd’hui. 

 

Style

Il dépend des moyens financiers du donneur d’ordre (souvent peu riche), de la veine rocheuse régionale, des matériaux utilisés …

De nos jours (XX°, XXI°), la mode est plus orientée vers un symbole pour rappeler un accident de voiture mortel sur des routes plus ou moins dangereuses. Vous verrez donc des semblants de croix, voire, simplement, des bouquets de fleurs artificielles accompagnés, parfois, d’une photo du défunt et, parfois, d’un petit texte relatant les circonstances de la mort, l’âge… Ailleurs, poussent des silhouettes noires, la tête barrée d’un éclair rouge, des panneaux de la Sécurité Routière…

 Les 5 croix de Vielleségure

Croix 3a

Croix 3b

Peut-être la plus récente, car en béton armé, il semble qu'elle ait été achetée pour être sur un socle composite: base et couronnement moulés, rehausse en moëlons croisés)

 Croix 4a

 Croix 4b

Croix urdée ou retranchée (flèches losangées) et croix de Saint-André fleuronnée, réunis par arcs fermants.

Croix probablement votive

 

 Croix 5a

 Croix 5b

Identique à la précédente, mais avec trois empreintes laissant deviner l'enlèvement du Christ.

 

 Croix 2a

Croix 2b

Cette croix urdée est flanquée d'une croix de Saint-André représentant les outils du supplice: le marteau qui planta les clous dans les maind et les pieds du Christ, et la lance qui lui perça le flanc. L'irrégularité des volutes donne à penser au travail d'un apprenti.

 Croix 1a

 Croix 1b

Croix baroque forgée. La petite croix pleine semble être défendue par une croix ciselée plus grande, qui l'enveloppe et la protège des agressions. Un élément a d'ailleurs été enlevé par l'une d'elles